Réforme des retraites : reprise des négociations

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Après la trêve des vacances de Noël, les négociations relatives au projet de réforme des retraites ont repris la semaine du 7 janvier, au moyen notamment d'une série de rencontres bilatérales entre les partenaires sociaux d’une part, et le Premier Ministre Édouard Philippe, le Haut-commissaire aux Retraites Laurent Pietraszewski et la Ministre du Travail Muriel Pénicaud d’autre part. 

La question de l'âge pivot, pilier du projet de réforme porté par le gouvernement, demeure la pierre d’achoppement qui cristallise la plupart des tensions dans ce débat. Il est proposé que cet âge pivot — ou « âge d’équilibre » — soit fixé à 64 ans, c’est-à-dire au-delà de l’âge légal de départ à la retraite, maintenu à 62 ans. Pour rappel, l’âge pivot a vocation à installer le principe d’un bonus-malus, tout en garantissant l’équilibre financier du nouveau système selon les recommandations du Conseil d’Orientation des Retraites (COR). 

L’avant-projet du texte a été envoyé pour avis aux caisses de Sécurité sociale le 10 janvier dernier, sous la forme de deux projets de loi. L’un est « organique », l’autre « ordinaire ». Ces deux textes seront présentés ensemble en Conseil des ministres le 24 janvier. Au sujet de l’âge pivot, l’avant-projet prévoit d’initier sa mise en place dès 2022 pour la génération 1960, à moins qu’une solution différente permettant d’équilibrer le futur système fasse consensus autour d’elle avant septembre 2021. Ainsi l’idée d'une « conférence de financement des retraites » a-t-elle été avancée par la CFDT, par la voix de son secrétaire général Laurent Berger. Dans le cas contraire, l’âge pivot devrait atteindre 64 ans pour la génération 1965, à horizon 2027. S’il reste à ce sujet des marges de discussion, ainsi que le revendique le Premier Ministre, le projet de loi organique fait état de la nécessité absolue d’assurer l’équilibre financier. En particulier, le texte précise que le système ne pourra pas accuser d'un déficit sur une période de cinq années cumulées.

Ces deux documents restent fidèles aux orientations promises par le gouvernement :

— Ils assurent la mise en place d’un revenu minimum de 1000€ par mois pour une carrière complète en 2022, revenu fixé ensuite à 85% du SMIC pour 2025 ;

— Ils font des familles nombreuses et des mères au foyer les grandes gagnantes de la réforme, en proposant une majoration de 5% des revenus par enfant dès le premier enfant, avec un bonus supplémentaire de 2% pour le troisième enfant ; 

— Ils confirment la revalorisation des salaires des professeurs à hauteur de 10 milliards d’euros, ce qui permet de compenser les pertes éventuelles subies par cette catégorie socio-professionnelle  tout en ne dépassant pas le plafond du budget spécifiquement dédié aux dépenses de retraite, fixé à 14% du PIB, ainsi que l’a rappelé le Ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer dans l’émission « Vous avez la parole » du 9 janvier ;

— Ils prévoient de créer, dès le 1er décembre, la Caisse Nationale Universelle de Retraite (CNRU), à laquelle cotisera la génération 2004 dès 2022, puis la génération 1975 dès 2025.

Sous réserve de validation par le Conseil d’État, le texte sera discuté au Parlement dès le début du mois de février.