Effets du confinement sur l'économie française

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Avec mes collègues économistes Basile Grassi et Julien Sauvagnat, j’ai publié le 4 avril une étude des effets du confinement sur l’économie française, secteur d’activité par secteur d’activité.

Nos résultats montrent qu’en l’absence de mesures de soutien, les mesures de distanciation sociale appliquées pendant six semaines (fermetures administratives, fermetures d’école, et gestes barrières) pourraient entraîner une baisse de produit intérieur brut (PIB) allant jusqu’à 5.6%. En comparant ce chiffre aux estimations publiées récemment par l’INSEE, on s’aperçoit que les mesures de soutien aux salariés, entreprises, associations et indépendants annoncées par le Président de la République et mises en oeuvre par le Gouvernement ont partiellement amorti le choc brutal qui frappe notre économie comme celle des autres pays du monde.

Parmi les secteurs dont la valeur ajoutée est la plus fortement impactée, on retrouve ceux qui sont directement concernés par les fermetures administratives, comme le commerce, la restauration, ou la culture, mais aussi les secteurs les plus en amont, comme le plastique, le conseil ou les activités spécialisées, scientifiques et techniques, qui subissent la baisse de la demande accumulée de tous les secteurs en aval. Il faudra donc accorder une attention toute particulière à ces secteurs lorsque le moment de la relance viendra. 

La France s’en sortira probablement mieux que d’autres pays européens du fait de la capacité de ses entreprises au télétravail. En 2019, 1/3 des employés des entreprises de plus de 10 salariés étaient dotés d’appareils portables, ordinateurs, tablettes ou smartphone, leur permettant de se connecter à Internet, contre 28% en Europe, 25% en Allemagne ou Italie. 62% des employés des entreprises de plus de 10 salariés travaillaient avec un ordinateur connecté à internet, contre 54% en moyenne en Europe. (C’est ¾ dans les pays scandinaves). 

La stratégie de déconfinement doit évidemment être dictée par l’impératif sanitaire, mais il n’est pas inutile d’en mesurer les conséquences économiques. Nous avons estimé l’effet qu’aurait sur le PIB un déconfinement ciblé par région, tranche d’âge ou secteur. Le déconfinement d’une personne au bout de 4 plutôt que 6 semaines fait croître le PIB d’environ 3 000 euros. Ce chiffre est relativement insensible à la tranche d’âge ou la région retenue. Il est en revanche assez sensible au secteur. L’effet du déconfinement sur le PIB est d’autant plus fort qu’il cible les secteurs les plus capitalistiques et les plus centraux, c’est-à-dire ceux qui ont un effet d’entraînement sur les autres.

Le Président de la République a eu raison de souligner que sur certains secteurs essentiels, nous devons retrouver une souveraineté française et européenne, comme nous avons su le faire avec la PAC, et comme nous nous apprêtions à le faire avec le Pacte Productif. C’est une proposition défendue par Francois Bayrou et le Mouvement démocrate depuis longtemps. Notre système de santé publique, par exemple, dépend des importations pour 1/3 de ses fournitures et équipements. Il importe 90% de ses produits et préparations pharmaceutiques, et 80% de ses fournitures à usage médical. 

Il est grand temps de reprendre en main nos filières essentielles, comme celle de la santé.