Explication de vote : défiscalisation des pourboires

La semaine dernière, j’annonçais, avec mon groupe parlementaire, vouloir déposer un amendement au projet de loi finance 2022 pour défiscaliser les pourboires par carte bleue.

Cette mesure vise à compléter la rémunération des employés et de rendre le métier plus attractif, sans que cela coûte aux finances publiques car les pourboires n’étaient déjà, la plupart du temps, pas déclarés.

Il me semble en effet opportun de faire levier de la générosité des Français pour renforcer l'attractivité de ces métiers au moment où la restauration repart mais où les professionnels rencontrent d'importantes difficultés de recrutement qui pourraient brider la reprise.

Cette mesure a finalement été officialisée par Emmanuel Macron lors de son déplacement à Lyon en début de semaine.

Qu'est-ce qui va changer au moment de payer son addition ?

Dans les prochains mois, quand vous allez régler l’addition avec votre carte, vous pourrez ajouter une petite somme supplémentaire, destinée au serveur. La promesse : cet argent ne sera pas fiscalisé. Jusqu’à présent, les pourboires versés par carte étaient déclarés et imposés.

Comment ça marchait jusqu’à présent ?

C’était au bon vouloir du client, il n'y a aucune obligation en France. La coutume veut qu’on laisse 5% de l’addition. Un arrêté pris en 1987 a intégré le service dans l’addition. Dans un sondage publié juillet 2017, 96% des François interrogés déclaraient que le pourboire était un réflexe pour eux. S'il était déjà possible de donner un pourboire par carte bleue, la pratique reste très rare, et en plus son montant était imposé. 

Si le pourboire n'a plus la cote, c'est aussi parce que les Français ont de moins en moins de monnaie sur euxD'après une étude menée par le comparateur de banque, Panorabanques, en moyenne, les Français ne retirent que 73 euros par mois au distributeur alors que les dépenses payées avec leur carte atteignent 543 euros. De plus, 79% des Français recourent au paiement sans contact.

Comment ça se passe à l’étranger ?

Dans certains pays, le pourboire n’est pas seulement un supplément, mais le revenu principal. Ce n’est évidemment pas notre intention ici.

Aux États-Unis, par exemple, plus de la moitié des revenus des serveurs et barmans dépendent des "tips". Le pourboire représente entre 10 et 20% de l’addition finale. Les prix affichés sur les cartes ne comptent pas le service. Cette règle est appliquée en Australie et au Canada. Les serveurs n’hésitent pas à faire une réflexion en cas d’oubli.

En Allemagne, le Routard précise que le pourboire est conseillé, entre 5% et 10% de la note. Il est conseillé de préciser le montant au moment du paiement, au lieu de laisser la monnaie sur la table.

En Angleterre, en Espagne, au Portugal, en Hongrie, il est souvent inclus dans l’addition. Au Japon, verser un pourboire peut être considéré comme un manque de respect.