Ma tribune dans Les Echos : Macron, la fin des "loopings" fiscaux

Contrairement à ses deux prédécesseurs, Nicolas Sarkozy et François Hollande, l'actuel président de la République a tenu ses engagements en matière de fiscalité. Ma tribune dans Les Échos.

L'Assemblée nationale adoptait mardi le volet fiscal du cinquième et dernier budget du premier quinquennat d'Emmanuel Macron. Ce faisant, elle mettait fin à une bien mauvaise habitude qui consistait pour un gouvernement à défaire dans la dernière année du mandat, ce qu'il avait fait auparavant.

Les derniers budgets des quinquennats précédents illustrent parfaitement cette pratique de la volte-face budgétaire et du « looping » fiscal de la part de présidents presque candidats, tentant désespérément de rattraper leur retard dans les sondages.

C'est ainsi que Nicolas Sarkozy, après avoir fait baisser le taux de prélèvements obligatoires pendant la première partie de son quinquennat, le fit augmenter pendant la seconde. Instauration du bouclier fiscal en 2007, abrogation en 2012. Création d'un crédit d'impôt sur les intérêts d'emprunt immobilier en 2007, suppression en 2010. Assouplissement des droits de donation en 2007, durcissement trois ans plus tard.

Face à de tels renoncements, certains diront qu'il faut savoir s'adapter à la conjoncture et que seuls comptent les résultats… mais les chiffres ne mentent pas : au jour où Nicolas Sarkozy quitte l'Elysée, le chômage est à 10 %, la dette s'est accrue de 20 points de de PIB.

Après l'avoir remplacé rue du Faubourg Saint-Honoré, François Hollande asphyxia la reprise sous une avalanche de hausses d'impôts. Confronté au ras-le-bol fiscal, il se résolut à faire l'inverse, à mesure qu'approchait l'élection présidentielle suivante.

Augmentation de l'impôt sur le revenu en 2013, baisse de 20 % en 2017. Fiscalisation des heures supplémentaires en 2013, création du CICE dans la foulée. Hausse de l'impôt sur les sociétés en 2013, puis baisse en 2017. De ces montagnes russes les Français se souviennent surtout du haut-le-coeur à l'arrivée : une dette toujours plus importante, un taux de chômage quasiment inchangé.


La fin du bateau ivre

Ces deux quinquennats suivirent des chemins différents pour parvenir tous les deux à installer l'idée selon laquelle en matière fiscale la France est un bateau ivre, qui navigue sans cap. Ils eurent aussi en commun de n'avoir jamais présenté un déficit public sous la barre des 3 %, et de n'avoir pas su protéger la France contre la procédure pour déficit excessif ouverte contre elle en 2009.

Il fallut attendre l'élection d'Emmanuel Macron pour que la France redresse ses finances publiques et sorte enfin de la disgrâce. Et pour montrer qu'il est possible de tenir ses engagements, du premier jour du quinquennat jusqu'au dernier : suppression de la taxe d'habitation , baisse des cotisations pesant sur le travail, baisse de l'impôt sur les sociétés .

Et tout cela, malgré l'irruption du mouvement des « gilets jaunes » et malgré l'avènement la crise la plus grave que notre pays ait eue à connaître depuis un siècle.

Ce gouvernement est bien celui des promesses tenues, de la conviction que les engagements pris devant les Français valent mieux que les soubresauts de l'actualité et les vertiges sondagiers. Et sans surprise, les résultats sont au rendez-vous : le chômage est au plus bas, les créations d'entreprises sont au plus haut, et le niveau de vie moyen a progressé deux fois plus vite que sous les deux précédents quinquennats. C'est la démonstration, s'il en était besoin, des vertus de la constance en matière fiscale.